La dysplasie de la hanche - Méthode penn-hip - les vaccinations
Analyse
bénéfices/risques de l'usage de l'anesthésie générale lors des
radiographies de dépistage de la dysplasie
I. Brefs
rappels au sujet de la dysplasie
Qu’est-ce que la dysplasie
coxo-fémorale :
La dysplasie coxo-fémorale (D.C.F.), communément appelée dysplasie de la
hanche, est un trouble du développement de la hanche qui entraîne une
instabilité de l’articulation, et touche principalement les chiens de
races grandes et géantes. L’origine génétique de cette affection a été
prouvée (1), cependant le mécanisme exact de la transmission génétique
n’est pas encore connu. Il s’agit vraisemblablement d’une maladie
faisant intervenir plusieurs gènes. Dans des lignées de chiens
prédisposés à la dysplasie coxo-fémorale, une alimentation inappropriée
pendant la croissance du chiot (trop énergétique et entraînant un
surpoids, ou un excès de calcium) ou un exercice physique excessif
accroissent la proportion de chiens dysplasiques dans les portées ainsi
que la gravité de l’affection (1,3).
La dysplasie coxo-fémorale entraîne dans la quasi totalité des cas le
développement d’une arthrose de la hanche. L’arthrose handicape le chien
dans la mobilité de son articulation, et entraîne des boiteries plus ou
moins précoces allant jusqu’à une impotence sévère, qui peut survenir
très jeune. Cependant, il n’existe pas de correspondance systématique
entre le stade de dysplasie, le développement de cette arthrose, et les
symptômes liés à l’arthrose : certains chiens dysplasiques ne
développeront jamais d’arthrose et donc ne boiteront pas, d’autres
chiens dysplasiques et arthrosiques ne développeront pas les signes
cliniques associés avant un âge avancé. Le dépistage clinique (par
l’observation d’une boiterie), permet de suspecter la dysplasie
coxo-fémorale, ce qui est primordial. Cependant le fait que le chien ne
boite pas n’est pas un indice fiable d’absence de dysplasie, la
radiographie du bassin (et donc des hanches) est donc nécessaire pour
effectuer un dépistage correct.
Méthode actuelle de dépistage :
Le dépistage
de la dysplasie repose sur une radiographie du bassin effectuée à partir de
12 mois, en vue ventro-dorsale. Les critères de lecture du cliché sont bien
codifiés et obligent à une position bien spécifique du chien : membres
postérieurs en hyper-extension et rotation interne, afin d’avoir les fémurs
parallèles et les rotules au zénith, bassin rigoureusement symétrique
(apprécié par les foramens obturés symétriques et l’égalité de largeur des
ailes de l’ilium) (2). |
Influence de la sélection génétique
actuelle sur la production de sujets indemnes de DCF :
Une étude en race berger allemand a prouvé que l’accouplement de deux chiens
indemnes AA donnait 23% de chiots dysplasiques (4), la sélection génétique
consistant à n’utiliser que des sujet indemnes a donc certaines limites, et ne
suffit pas à éradiquer la DCF..
En effet, différentes études (2) évaluent entre 15 et 25% la proportion de faux
négatifs avec cette méthode de dépistage : 25% des chiens considérés comme
indemnes (c’est à dire « négatifs ») seraient en réalité porteurs des gènes
délétères (on les appelle les « faux négatifs »).
Ceci explique sans doute pourquoi les proportions de chiens
indemnes/dysplasiques chez le Beauceron sont restées sensiblement identiques (80
à 85% de chiens indemnes, 20 à 15% de dysplasiques). Et l’on doit tenir compte,
pour ces chiffres, des nombreuses radiographies de chiens visiblement très
touchés (D et E) qui ne sont pas envoyées en lecture officielle. On peut donc
supposer que la proportion de chiens dysplasiques a, au minimum, stagné dans la
population.
Quel est donc l’intérêt alors de continuer à sélectionner sur ce critère ? Il
est double :
- parce qu’il existe désormais des méthodes complémentaires de dépistage précoce
(qui seront exposées dans un article ultérieur) ;
- parce qu’il est possible d’améliorer la qualité du dépistage en utilisant
systématiquement l’anesthésie générale ou la sédation poussée lors de la
radiographie, ainsi que le recommande la commission scientifique de la
Fédération Cynologique Internationale (F.C.I.). La France fait figure
d’exception, car c’est un des rares pays européens qui continuent à tolérer que
le dépistage soit effectué sur un animal « vigile » (sans relâchement musculaire
suffisant obtenu par sédation poussée ou anesthésie générale), ce qui discrédite
totalement nos résultats de lecture par rapport à nos voisins, chez lesquels
cette manière de procéder est assimilée à une fraude (5).
Nous allons donc développer ci-dessous les bénéfices et risques liés à la
radiographie de dépistage de la DCF sous AG.
II. Bénéfices de
l’anesthésie générale lors de la radiographie de dépistage de la dysplasie
coxo-fémorale
Confort d’utilisation
La position permettant d’effectuer une radiographie qui soit interprétable n’est
pas une position naturelle pour le chien, et donc pas une position confortable.
L’extension des fémurs, leur rotation, si elles ne sont pas forcément
douloureuses ne sont en tous cas pas confortables. L’usage de l’anesthésie
générale ou d’une sédation poussée permet de positionner correctement le chien
sans lui imposer une position inconfortable, et sans avoir à se « battre » avec
un chien jeune ou rebelle, pour le maintenir, le temps du cliché, dans la
position idéale permettant la lecture : dans l’étude de Bouras qui portait sur
une centaine de chiens (2), sans anesthésie 79,2% des chiens ont posé des
problèmes (52,47% n’ont pas pu être radiographiés et 26,73% ont présenté des
anomalies de position). Avec anesthésie tous les chiens ont pu être
radiographiés (2).
Ainsi, lorsque le chien est anesthésié ou sous sédation adéquate, on limite le
nombre de clichés nécessaires pour obtenir une radio lisible, à un seul dans la
grande majorité des cas : cela limite le désagrément pour le chien, limite le
temps d’exposition aux rayons X du chien comme des opérateur, et limite le prix
de l’examen.
Influence sur les signes
radiographiques de dysplasie
La subluxation de l’articulation est un critère déterminant dans le dépistage
radiographique de la dysplasie : plus la laxité de l’articulation est
importante, moins elle est stable, et plus le risque de développement d’arthrose
est important. L’anesthésie ou la sédation poussée permettent un relâchement
musculaire (myorésolution), et la mise en évidence de la subluxation. Quand le
chien est vigile ou trop faiblement tranquillisé, l’inconfort lié à la position,
et l’absence de relâchement de la musculature, va le pousser à « rentrer » ses
têtes fémorales dans les acétabulums, masquant ainsi la subluxation, et
augmentant la valeur de l’angle de Norberg Olsson.
Les preuves
Les chiens concernés dans toutes ces études sont
essentiellement les stades « limites », où le seul critère appréciable est la
laxité, qui sont nombreux à l’âge du dépistage officiel puisque les déformations
osseuses et les manifestations arthrosiques se développent le plus souvent après
deux ans (5). La présence d’arthrose visible à la radio reste un critère de
dysplasie donnant un stade supérieur à C, pour lesquels l’anesthésie ne change
rien puisqu’elle ne la fait pas disparaître. En revanche, pour les stades sur
lesquels l’évaluation de la luxation, et l’angle de Norberg Olsson vont être
déterminants, les chiens radiographiés sans anesthésie ont un résultat meilleur
que lorsqu’ils le sont sous anesthésie générale.
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Le fait
d’effectuer des radiographies officielles de dépistage sur un animal vigile
(sans sédation poussée ni anesthésie) est donc une manœuvre qui contribue à
camoufler l’hyperlaxité (5), et donc la dysplasie.
De plus, certains chiens dont la radiographie laisse apparaître uniquement de
discrets signes d’arthrose (tel que la ligne de Morgan, non prise en compte dans
la lecture mais cependant signe d’arthrose) seront classés non dysplasiques au
bénéfice du doute si les autres critères (congruence, angle, laxité) sont bons…«
grâce » à l’absence d’anesthésie.
Intérêt d’un dépistage plus fiable
A titre individuel : si le chien est atteint, il peut recevoir un traitement
préventif précoce qui ralentira l’évolution de l’arthrose, ou être opéré plus
rapidement, avant l’apparition de la boiterie.
A titre collectif pour la race : le but est d’éradiquer cette affection au sein
de la race, ou du moins de limiter son importance et sa gravité au sein de la
population de beaucerons. Plus le dépistage est fiable, plus ce but pourra être
atteint facilement et rapidement.
III. Risques de
l’anesthésie générale
Risque anesthésique
C’est le principal argument des détracteurs de l’anesthésie générale.
Le risque est l’allergie à l’anesthésique (rarissime mais imprévisible), ou la
diminution de la fréquence cardiaque et respiratoire pouvant entraîner le décès
du chien si rien n’est fait. Sans vouloir nier un risque toujours présent,
l’évolution des protocoles anesthésiques fait qu’à l’heure actuelle les
accidents anesthésiques sont rarissimes :
- les chiens anesthésiés pour le dépistage de dysplasie le sont généralement
entre 1 et 3 ans : pour un chien de moins de 7 ans, sans pathologie cardiaque et
dont les reins fonctionnent correctement, le risque anesthésique est quasiment
nul.
- Les vétérinaires disposent désormais de protocoles très sûrs : sédation
poussée réversible, qui, tout en entraînant une myorésolution suffisante,
permettent par l’usage d’un antidote de réveiller le chien de façon
quasi-instantanée (médétomidine), usage de l’anesthésie gazeuse dont on contrôle
l’intensité en temps réel et dans laquelle l’agent anesthésique est éliminé très
rapidement par voie pulmonaire, et protocoles anesthésiques « classiques »
testés et éprouvés qui ont fait leurs preuves par la rareté des accidents : à
l’heure actuelle les risques d’accident anesthésique sont négligeables par
rapport aux autres causes de mortalité accidentelles.
L’anesthésie générale est utilisée pour de nombreuses interventions de
convenance, y compris chez le chiot: tatouage, détartrage, stérilisation…et est
très bien acceptée par les propriétaires.
Le surcoût
L’usage de l’anesthésie, facturée en moyenne entre 30 et 60 euros TTC selon les
cliniques vétérinaires, entraîne donc un surcoût. Cependant, le fait de ne faire
qu’un cliché sous anesthésie générale limite le prix de la radiographie en
elle-même, par rapport aux nombreux clichés souvent nécessaires pour obtenir une
radiographie lisible sans anesthésie.
Conclusion
Comme le confirme la commission scientifique de la FCI (obligation d’effectuer
la radiographie avec un moyen médicamenteux permettant un parfait relâchement
musculaire), sans myorésolution correcte (obtenue par anesthésie ou sédation
poussée), le dépistage actuel n’est pas fiable. Il y a déjà trop de faux
négatifs sous anesthésie générale, proportion qui est encore augmentée sans
anesthésie. Par cette méthode, un certain nombre d’animaux sont faussement
considérés comme indemnes lors du dépistage officiel et contribuent au maintien
de l’affection au sein des races. (5)
Les risques, mineur pour le risque anesthésique et compréhensible quoique
discutable de l’augmentation du coût, peuvent retenir certains propriétaires de
chiens, qui auraient accepté de dépister leur chien sans anesthésie. Ainsi, on
peut craindre que rendre l’anesthésie générale ou la sédation poussée
obligatoires pour le dépistage de la dysplasie coxo-fémorale aura une influence
négative sur le nombre de chiens dépistés. Cependant, augmenter le nombre de
chiens dépistés par une méthode entraînant autant de faux négatifs : est-ce
vraiment le but recherché ? Ne vaut-il pas mieux limiter la classification
indemne de dysplasie aux chiens pour lesquels le dépistage est fiable ? A
l’heure actuelle, chaque éleveur peut, à titre individuel, choisir un dépistage
plus fiable pour ses reproducteurs.
D’autre part, il existe désormais des méthodes complémentaires de dépistage par
rapport à la radiographie officielle. Ces méthodes permettent de dépister plus
précocement et de façon plus fiable les chiens indemnes ou atteints. Elles
feront l’objet d’un article ultérieur.
Auteurs : Drs Marie LOPEZ et
Gaelle TAUNAY-BUCALO, avec la collaboration des Pr. Jean-Pierre GENEVOIS et
Didier FAU, du service de chirurgie de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon.
Bibliographie :
(1)Genevois J.P., Fau D., Rémy D., La dysplasie coxo-fémorale chez le chien, Le
point vétérinaire vol 28, Edition spéciale « Affections héréditaires et
congénitales des carnivores domestiques », p 85-88, 1996
(2)Bouras H., Etude du dépistage radiologique de la dysplasie de la hanche chez
le chien sans ou avec anesthésie. Thèse de doctorat vétérinaire, Nantes, 2001.
(3) Fau D., Rémy D., Viguier E., Carozzo C., Chanoit G., Genevois J.P.,
Alimentation et dysplasie coxo-fémorale, Revue Méd. Vét., 156, 138-147, 2005
(4) Madelenat A., Guenego L., Gautier R., Le Pennhip : une méthode de diagnostic
précoce et d’éradication de la dysplasie de la hanche chez le chien, Bull. Acad.
Vét. France, Tome 159, n°3, 241-246, 2006
(5) Genevois J.P., Chanois G., Carozzo C., Rémy D., Fau D., Viguier E., Rôle des
conditions de réalisation de la radiographie (anesthésie) sur le résultat du
dépistage de la dysplasie coxo-fémorale, Premières rencontres de la recherche
canine, ENV Alfort, 13 avril 2007
Ca consiste à, sous
anesthésie générale, faire 3 radios du bassin : |
||
Dysplasie officielle à 16 semaines |
Radio du même chiot en compression |
Radio du même chiot en distraction |
![]() |
|
![]() |
On calcule ensuite l'indice de
distraction = la distance entre le centre des têtes en compression et le
centre des têtes en distraction, rapportée au rayon des têtes. Ca donne
un chiffre entre 0 et 1, 0 étant une distraction nulle (même avec le
distracteur les têtes restent parfaitement au fond des acétabulums) et 1
des têtes luxées.
Il faut savoir que les indices s'interprètent en fonction de la race,
certaines sont plus sensibles à la laxité que d'autres. Exemple le
whippet à 0,4 sera déjà gravement dysplasique, le bouvier bernois ne le
sera pas à 0,6.
En moyenne, de 0 à 0,3, le chien a des hanches parfaites et est même
améliorateur vis à vis de la dysplasie, au-dessus de 0,7 c'est la cata
et le chien sera gravement dysplasique. Toujours sous réserve de la
race...
Les avantages : dépistage précoce (dès 16 semaines), ce qui permet
l'intervention chirurgicale, et possibilité de détection des
améliorateurs.
Inconvénient : anesthésie générale, fraude facile (suffit de pas forcer
en distraction), nécessité de bien connaître la technique (l'opérateur
doit être formé et bien formé) et surtout cette méthode est sous brevet
américain, donc théoriquement seuls les vétos ayant fait la formation
(payante) aux USA et acheté le distracteur peuvent faire les radios, qui
doivent être lues (payant) aux USA. Et cette histoire d'indice pour la
race, sachant que pour le beauceron par exemple, il y en a tellement peu
aux USA qu'on n'a aucune idée des indices qui correspondent, et on se
base donc sur les valeurs moyennes.
A ma connaissance, 3 vétérinaires ont suivi la formation : un à Verdun,
l'autre à coté de Toulouse, et enfin le professeur Genevois du service
de chir de l'école de Lyon, qui du fait du statut de centre de recherche
de l'école véto, peut pratiquer cette méthode sans avoir à envoyer en
lecture aux USA, à titre expérimental.
Il y a une méthode italienne similaire, elle aussi sous brevet me
semble-t-il.
Personnellement je teste cette méthode sur mon élevage, j'y passe tous
mes chiots et on fait des radios de contrôle à 12 mois, avec des vétos
de l'équipe de Genevois. C'est à titre informatif, ça n'a aucune valeur
officielle de dépistage de la hanche. Et ça me coute une petite
fortune.... mais j'y trouve mon compte : connaissance réelle des hanches
de mes chiots, bien plus fiable que la radio de dépistage officielle où
on a encore beaucoup trop de faux négatifs. Un exemple : sur ce chien
dont les hanches servent d'illustration, la radio "classique" ne met pas
en évidence d'anomalie grave, et pourtant les hanches, là, sont super
laxes (indices de 0.64 d'un coté). Ce chien a été opéré la semaine
suivante et devrait avoir des hanches parfaites à l'âge adulte (mais
sera retiré de la reproduction).
J'estime qu'il serait intéressant de généraliser cette méthode à toutes
les écoles véto, mais j'avoue être contre sa généralisation à tous les
vétos, du fait de la fraude comme je l'ai dit très facile et de
l'importance des compétences de l'opérateur.
La vaccination permet une protection efficace contre les maladies les plus dangereuses pour le chien. Elle se pratique en général dès l'âge de deux mois, avec un rappel à trois mois, puis un rappel tous les ans ou tous les deux ans selon les valences.
Maladie de carré
Maladie virale touchant les animaux de tous âges et provoquant de la fièvre, des atteintes respiratoires, digestives, oculaires, cutanées ou nerveuses, et dont l'évolution est très souvent mortelle
Hépatite de Rubarth
Maladie virale entraînant de la fièvre et une grave atteinte hépatique.
Parvovirose
Très contagieuse, la parvovirose est due à un virus entraînant des gastro-entérites hémorragiques sévères, très dangereuses surtout chez le chiot.
Leptospirose
Elle est due à des bactéries véhiculées par l'urine des rongeurs. Elle est responsable d'une atteinte hépatique et rénale souvent mortelle.
D'autres vaccins sont également disponibles, en particulier celui de la Rage (quasi disparue de France, mais méfiance...! et de toutes façons obligatoire au passage des frontières ou pour aller en Corse), la Toux de chenil pour les chiens en collectivité, la Piroplasmose (attention aux tiques), la Borréliose, le Tétanos,...